Avant d’être l’histoire de la vertigineuse chute d’un homme, Le Cœur du pélican* est un livre d’amour des mots. Céline Coulon a vingt-cinq ans, et voici déjà son quatrième roman, gourmand, généreux, ample ; une symphonie de mots qui aiment autant la musique qu’ils composent que ce qu’ils racontent. Une sorte d’opéra majestueux… en milieu pavillonnaire. Avec son héros qui fend l’air, fait tomber les chronomètres et embrasse les rêves immobiles des rois du barbecue du week-end dans les jardinets, réveille les illusions de tous ceux qui ne s’envoleront jamais. Jusqu’au jour où. Où une douleur dans la cuisse. Comme une flèche. Où le corps du héros s’effondre sur la piste. Où, en tombant, il écrase tout. L’estime de soi. L’amour. Et surtout, l’envie de se relever. Qu’il est long le chemin qui mène à l’ironie suprême, chantait Christophe Bevilacqua. Cette ironie ici, qui consiste à penser qu’il y a davantage de grâce dans la chute que dans l’élévation. Davantage de courage à courir après l’impossible que juste marcher devant soi. Un pas après l’autre. La seule façon, je crois, d’atteindre les étoiles.
*Le Cœur du pélican, de Cécile Coulon. Editions Viviane Hamy. En librairie.