Bien que quelques petites références à un récent virus ponctuent ici et là le nouveau livre* de Xavier de Moulins et, du coup, en datent l’histoire, il y a quand même quelque chose de très intemporel dans ce texte. Une formidable ambiance à la Chabrol ; quelque chose de cette province si proche et éloignée à la fois, qui recèle sa part de mystère, abrite ces grandes familles aux secrets lourds et bien gardés, et c’est là que nous emmène brillamment La fin d’un monde.
Un homme revient sur ses terres, retourne voir « le château » (nom donné à une grande maison familiale un peu moche) où il a grandi et qui a été vendu, et, avec lui, tout ce qu’il comptait de souvenirs, de rires, d’odeurs de cuisine, de tonnerres et d’orages, de désirs.
On est soudain déraciné quand la maison de son enfance disparaît, quand d’autres l’y habitent et y tracent une nouvelle histoire.
Alors tout remonte, comme un cadavre à la surface d’un lac qui s’assèche. On doit affronter ses démons et surtout ses peurs, dont la plus grande, la plus terrifiante : celle de savoir.
De livre en livre Xavier se fait le grand ausculteur de nos noirceurs d’enfance et de nos lâchetés d’adulte. Il y a chez lui des comptes jamais réglés, des couples jamais guéris, des enfances jamais réparées et, partant, de formidables espérances.
*La fin d’un monde, de Xavier de Moulins, aux éditions Flammarion. En librairie le 7 février 2024.
PS. Belle phrase, page 245, qui résume fort bien les choses : « Une maison de famille n’a pas ce pouvoir là, tout détruire. Seul l’amour en a la capacité. »