Peau d’Ours* (1958) sont les notes d’Henri Calet pour un roman qui aurait du s’appeler Peau d’Ours. Mais voilà, Henri Calet est mort en 1956, avant de pouvoir utiliser ses notes. Bien que son fils Luc (âgé de six, sept ou huit ans) lui ait dit : « Retiens-toi de vieillir, je ne veux pas que tu aies 52 ans », Henri Calet est mort à 52 ans, d’une crise cardiaque. Dans ses dernières notes – qui prennent, page après page, la bouleversante narration d’un journal, la douceur d’un adieu annoncé, triste –, il écrit : Je marchais en avant. J’ai été frappé d’une balle dans la région du cœur. Ces notes deviennent un véritable livre. Une histoire d’amours plurielles, de paternité douloureuse, d’écriture impérieuse. Calet est un poète avant tout, capable de faire dire à une femme : Vous m’avez beaucoup trompé avant de me connaître ? et d’achever son livre, deux jours avant sa mort par : Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. Une phrase qui fait un tel écho en moi, une telle brutalité, qu’elle est devenue l’épigraphe de mon prochain roman*.
*Peau d’Ours, comme toute l’œuvre d’Henri Calet est publié aux éditions Gallimard. **On ne voyait que le bonheur. Editions JC Lattès. Sortie le 20 août 2014.