Évidemment, on va dire que l’actualité sert le propos du dernier et formidable livre de Marc Trévidic. Une décapitation à Conflans-Sainte-Honorine. Trois morts à Nice. Quatre au moins à Vienne. À chaque fois au nom de l’islamisme triomphant. À chaque fois plongeant nos bons dirigeants dans une overdose de twitteries compassionnelles. Qu’ils lisent donc ce Roman du terrorisme*. Probablement l’un des meilleurs textes jamais écrits pour comprendre ce curieux ADN de la haine qui prend sa source en Perse au XIè siècle et n’en finit pas de tapisser de sang le monde du XXIè siècle. Mille ans d’égorgements, d’empoisonnements, de bombes, d’avions suicides, racontés par celui-là même qui les utilise : le terrorisme. Car c’est lui qui écrit. À la première personne. Lui qui parle et se raconte. Dévoile ses pensées et surtout ses arrière-pensées. Lui qui justifie sa haine de vous (de moi aussi). Qui ne s’arrêtera que lorsque vous serez soumis (et moi aussi). Lui qui se joue encore une fois de nous. Et c’est là le tour de force littéraire de Marc : être celui qui nous tue et nous explique pourquoi (l’intérêt de comprendre c’est de pouvoir se défendre). Marc parvient même à nous faire sourire parfois (surtout moi) mais finit par nous laisser groggy à la dernière page.
Puisse ce livre absolument indispensable nous rappeler les paroles de cette chanson française un temps à la mode : Entendez-vous dans les campagnes/Mugir ces féroces soldats?/Ils viennent jusque dans vos bras/Égorger vos fils, vos compagnes!/Aux armes, citoyens/Formez vos bataillons/Marchons, marchons!/Qu’un sang impur/Abreuve nos sillons!
*Le Roman du terrorisme, Discours de la méthode terroriste, de Marc Trévidic. Éditions Flammarion. En librairie (oui, même en période de confinement, pensez au « click & collect », disent les officiels, en français « commandez et collectez »), le 4 novembre 2020.