Simon est un dentiste old school, juif sans synagogue ni papillottes, en fin de vie, une vie qu’il n’arrive pas à lâcher. Paul est le fils anatomopathologiste de Simon, un bon fils qui dérobe quelques doses de d’Hypnovel à l’hôpital pour les distiller dans la veine de son père. Et paf le père, comme disait la blague à propos du chien.
Paul n’a pas été circoncis car son père voulait l’épargner d’éventuelles future rafles. Ce petit bout de chair le hante, trouble l’idée des origines, de l’identité même. Mais là n’est pas vraiment le problème. Le problème c’est que Paul invite sa maîtresse à l’enterrement du papet, qu’il lorgne la croupe de sa jeune assistante, prend sa femme en rêvant d’une autre ; le prépuce en question se balade donc un peu partout, mais le cœur de Paul reste en capilotade. La trajectoire du livre nous mène jusqu’aux funérailles de Simon et l’aveu de la culpabilité meurtrière de Paul. Mais encore une fois, ce n’est pas vraiment le problème.
Tout cette histoire n’est qu’un prétexte à Philippe B. Grimbert pour écrire. Mais attention, pas juste écrire une histoire. Écrire la jubilation d’écrire. Écrire les mots pour les tordre, les associer jusqu’à leur donner une saveur nouvelle et surtout parvenir à cette chose très rare en littérature : l’humour. Le mordant. Le bien vu. PG Wodehouse y parvenait admirablement en son temps. Woody Allen aussi, avant qu’il ne découvre Bergman. Et enfin Philippe B. Grimbert. C’est tellement précieux que ça mérite d’être lu, tout livre cessant.
*La revanche du prépuce, de Philippe B. Grimbert, aux éditions Le Dilettante. En librairie depuis le 22 août 2022. Prix Alexandre Vialatte 2022.