Les gestes.

Comme l’espresso dans le formidable Le café suspendu qui servait de fil rouge entre les différents personnages, les différentes histoires, ce sont ici les gestes d’une arrière-grand-mère, d’un grand père, d’un père qui servent de petits cailloux dans ce nouveau roman* d’Amanda Sthers.
À l’occasion de l’adoption d’un petit colombien, un fils se souvient des gestes qui l’ont pétri, façonné, dressé, redressé — tout comme ceux qui lui ont été oubliés —, et c’est à travers eux que Hippolyte raconte à cet enfant « venu du ciel » l’histoire de sa désormais famille. 
D’une écriture fluide, puissante, Les gestes nous fait voyager d’Égypte en Italie, de Paris à Athènes et nous fait remonter et descendre le cours de la vie de cette famille flamboyante et pathétique à la fois, nous mène de la lumière de l’enfance à l’obscurité des larmes, nous révèle ce qui s’efface entre un père et un fils, pour finalement nous interroger sur ce que l’on perpétue, sur ce quoi nos mains sont capables de donner, de prendre, d’abîmer et d’aimer — et c’est dans l’incertitude de toutes ces réponses que se trouve le très élégant enchantement de cette geste littéraire.

*Les gestes, d’Amanda Sthers, aux éditions Stock. En librairie depuis le 8 janvier 2025.