Ce n’est pas moi qui m’autorise cet écart homophonique avec le titre du dernier Musso, c’est lui-même, à la fin de son livre, puisque c’est ainsi qu’il nomme quelques chapitres, et c’est dans cette homonymie que réside le sujet du roman lui-même. L’illusion.
Après trois précédents romans2 qui, sous couvert de divertissement policier, s’interrogeaient entre les lignes sur le rôle des écrivains, Guillaume Musso, avec L’inconnue de la Seine2, revient au roman d’entertainmentqui fait sa fortune depuis bientôt deux décennies. Un pitch d’illusionniste : Une femme est repêchée dans la Seine, amnésique. L’ADN indique qu’elle est une célèbre pianiste morte un an plus tôt dans le crash d’un avion. Tout comme David Copperfield qui prétendait faire disparaître la Statue de la liberté ou la Tour Eiffel, Guillaume prétend résoudre ce pitch impossible — on ne peut être raisonnablement à la fois une personne morte et une personne vivante — et déploie pour cela tout son savoir-faire de prestidigitateur, ne doute de rien, déroule son improbable intrigue comme une pièce de théâtre, coups de théâtre, personnages masqués, hantés, possédés, faux-doubles, copies, la Seine est la scène de départ, le lieu du tour de passe-passe, de la grande illusion mussoienne et on se laisse porter, sans se poser de questions car si l’on s’en posait, le Commandeur n’apparaîtrait pas dans Don Juan et la terre n’avalerait pas des personnages dans les romans de Garcia Márquez ; si l’on se posait des questions on n’y croirait pas, mais le sujet, dans l’illusion, n’est pas d’y croire mais de se faire avoir.
1. À noter la publication le 4 novembre 2021 d’un livre « collector », La trilogie des écrivains, chez Calmann-Lévy, qui regroupe ces trois derniers livres.
2. L’inconnue de la Seine, Calmann-Lévy. En librairie depuis le 21 septembre 2021.