Voici un roman majeur dans l’œuvre d’André Major, « un art de la prose et un sens du récit plus mûrs et mieux maîtrisés que jamais » est-il écrit en quatrième de couverture. Mais qui est cet André Major, auteur de plus d’une vingtaine de livres ? me demanderez-vous. Eh bien, je ne le connaissais pas, jusqu’à ce jour où de bons et précieux amis québécois, Raymond et Claudette, de passage annuel à Paris, m’offrirent ce court roman À quoi ça rime ?*
L’histoire d’un écrivain, veuf, qui, comme celui de Patrick Tudoret, retourne à la source des choses. À Lisbonne d’abord, où il a promis à son oncle de disperser ses cendres au bord du Tage, « le souple Tage ancestral et muet » – Lisbonne où il découvre la ville comme un enfant sauvage découvrirait la beauté d’un livre, le sillage des mots, avec un regard doux sur chaque chose, chaque odeur, chaque promesse, des découvertes que l’on fait seul, mais toujours en compagnie de ses fantômes : Pessoa, Flaubert, Soares, Caeiro, de Sá-Carneiro et tant d’autres (à croire d’ailleurs que les écrivains et les poètes ne voyagent qu’entre eux).
Puis, au Canada où il revient enfin, apaisé, allégé de cendres de l’oncle, prêt à se dépouiller de tous ces désirs qui encombrent et alourdissent la vie d’un homme, pour enfin aspirer à une existence désencombrée, légère comme une âme – dont on dit qu’elle fait vingt-et-un grammes. Et comme le bon Henri David Thoreau et son cher Walden, il s’installe au cœur de la nature, s’encabane (au Canada) et y vit dans la magnifique simplicité.
Mais voilà.
Comme le chantait Brel, Il faut bien que le corps exulte, et la rencontre avec Irena va lui rappeler, comme à nous, que la solitude est plus jolie à deux.
*À quoi ça rime ? d’André Major. Éditions du Boréal. En librairie depuis avril 2013.