En ces périodes de pré-élections américaines, voici un roman assez formidable. D’abord, c’est un vrai roman noir. Avec des héros véreux et une héroïne vénéneuse. Des rebondissements et des traîtrises. Des scandales et des bassesses. Le tout servi par une écriture (et une épatante traduction de Patrice Carrer) aux petits oignons. Revoici donc Larry Beinhart qui nous avait régalé, en 1994, avec son Reality Show – qui deviendra Des hommes d’influence au cinéma, avec Dustin Hoffman et Robert de Niro, en 1997 – avec cette fois une histoire d’élections truquées, inspirées par celles de Bush Jr le 7 novembre 2000, fiston simplet qui vola la vedette au pauvre Al Gore, lequel ne s’en remit jamais et partit voir fondre les glaciers et ses grandes espérances. Au travers du personnage d’un bibliothécaire chargé de mettre de l’ordre dans la bibliothèque qu’un (très) vieux milliardaire veut léguer au monde et qui découvre dans les petits papiers les trafics d’influence du (très) vieux plein de dollars et d’arrogance, Beinhart remet sur le tapis l’une des plus vieilles conspirations du monde. C’est jubilatoire. Ça donne envie de penser que la démocratie est une énorme bidonnerie. Envie de gerber, du coup. Mais qu’est-ce que c’est bon.
*Reality Show, Folio Policier n° 313.
** Le bibliothécaire, de Larry Beinhart. Éditions Gallimard, collection Série Noire. En librairie depuis le 1er décembre 2005. Existe aussi en Folio Policier, n° 466.