Les paroliers Anthony Hayes, Michelle Grainger et Steve Wadey avaient raison : Black is black, et Christian Blanchard nous le rappelle une fois encore avec son nouveau roman noir*. Antoine est le prénom du héros. 12 ans. On est dans les années 70. Milieu modeste. Pavillon dans l’ombre des premières barres HLM. Père ouvrier, porté gravos sur la boutanche. Abuse de madame. Cogne au besoin. Un jour il cogne plus fort que d’habitude, Antoine veut défendre sa mère, poignarde le daron avec le couteau que celui-ci lui a offert, le seul truc important entre eux. Le seul lien qui les déliera, ce couteau. Le daron crève, la mère aussi rend son dernier soupir. Le voilà orphelin. Centre fermé. Vexations, coups de poing, viol. Antoine en prend plein la tronche. Puis c’est la famille d’adoption. L’espérance, enfin. La tendresse humaine. Mais le mal noir rôde. Les gusses de banlieue jouent avec le feu. Font le coup de feu. Antoine s’en mêle. Se sauve. Plonge. Plonge encore. Ne se relève pas. Fin. Noir, c’est noir, je vous dis.
Il m’a rappelé le formidable Méchant garçon de Jack Vance, ce bouquin. Un autre livre noir comme on n’en faisait plus avant Blanchard, des histoires de désespérés, de dead end, de vraie tragédie. Ça fait du bien en ces temps où les feel good abreuvent et enflent notre part guimauve et nous rendent tout mous.
*Antoine, de Christian Blanchard. Éditions Belfond. En librairie depuis le 17 mars 2022.