Pauvre Richie.

Richie

Voici un livre* infiniment triste.
Et ce n’est pas à cause de la plume glaciale de Raphaëlle Bacqué, une lame de 10, un scalpel qui incise cette histoire, jusqu’aux entrailles de la chambre froide, qu’il est infiniment triste non, mais à cause de Richie lui-même.
Richie, c’est Richard Descoings, charismatique, manipulateur, colérique, audacieux, idéaliste et pervers (entre autres) directeur de Science Po. Richie, comme un nom de rock star, adulé par ses élèves, courtisé par le Pouvoir (sacré Sarkozy), gangréné par tous ses désirs, toutes ses névroses, toutes ces choses qui mettent en place la plus convenue des tragédies.
Richie, c’est l’histoire (vraie) d’un couple à trois : celui qu’il forma avec Guillaume Pépy, patron de la SNCF, et Nadia Marik – que j’ai rencontré dans la pub, à l’époque où elle était bien loin de celle qu’on allait appeler la « tsarine » ou « Elena », comme dans Nicolae et Elena Ceausescu, ainsi que l’écrit Bacqué.
Richie, c’est une histoire d’appétit homosexuel sans fin, une histoire hétérosexuelle d’amour (vrai) ; une histoire de pouvoir, de détournement d’argent, de mains dans la caisse et de mains aux culs. Une histoire de petits Borgia, en somme, rue Saint-Guillaume. Une histoire banale et sordide. Un petit fait divers pavillonnaire. Mais voilà. Les noms sont connus. Il y a eu un mort. A New York. Dans une chambre d’hôtel. Il y a eu des escorts boys. Beaucoup l’alcool. Un cœur qui lâche. Ça a un parfum de Sofitel. De DSK. Alors le fait divers devient un livre. Et tous les deux sont d’une infinie tristesse.

*Richie, Raphaëlle Bacqué, éditions Grasset. En librairie.