Cinquante-six pages. Ce n’est pas une nouvelle. Mais un microroman. Une collection récemment créée à Lausanne, par Giuseppe Meronne. Et l’un des premiers auteurs à s’y coller, avec succès en plus, est l’épatant Philippe Lafitte qui nous régale de trop rares longsromans depuis 2003.
Et comme la collection s’appelle « Uppercut », il ne va pas faire dans le nougat mou.
Eaux Troubles* est l’histoire de Mélanie, d’abord promise à une grande carrière de nageuse mais que le corps, à quatorze ans, a trahi. Promise ensuite à une haute carrière de plongeuse, mais voilà : « une seconde d’inattention sur la plateforme, la flaque d’eau mal essuyée sur la zone d’appel. Pied qui dérape, corps qui se déporte sous l’impulsion, chute et heurte le rebord avec un craquement sec. Les cris de la foule et le voile noir. Une carrière de plongeuse réduite à néant ». (Page 30).
Depuis, Mélanie boite. Depuis, Mélanie travaille à la piscine. Depuis, Mélanie attend le soir, attend que tout le monde soit parti, pour plonger à nouveau. Seule. Brinquebalante. Mais un soir – soir, qui rime avec noir… Je suis absolument certain que notre bon Sir Alfred aurait acheté les droits de cette histoire pour en faire un épisode de sa fabuleuse collection Hitchcock présente. Avis aux producteurs.
*Eaux Troubles, de Philippe Lafitte. Éditions BSN Press. Publié le 23 avril 2017.