Rentrée littéraire 2017. Ariane Monnier est, apprend-t-on sur la quatrième de couverture, docteur en anthropologie. J’ai regardé le mot, dans mon Larousse : Étude de l’homme et des groupes humains. Eh bien, pour un premier roman*, elle n’a pas choisi l’homme et le groupe humain les plus glamour, simplement les plus monstrueux. L’homme, qui laisse ses enfants se faire violer par les voisins, par un garçon qu’il a recueilli, et qui s’étonne qu’on s’en étonne, « pour quoi, pour trois jeux de touche-pipi ? » (page 238). Le groupe humain, dont lui, donc, sa femme, la voisine, les adultes d’un soir, qui savent, ne disent rien, et laissent faire.
J’ai entendu dans un film l’autre jour un personnage dire que « la clé du bonheur, c’était le déni ». En bon docteur qu’elle est, Ariane Monnier le sait – qui enferme ses horribles personnages dans ce presbytère, où l’apprentissage de la musique et de la morale, par les parents aux enfants, est une fascinante perversion. Tout comme l’idée qui consiste à justifier un comportement criminel parce qu’on a soi-même été victime. Bref. Si l’insanité de certains humains n’était plus à démontrer (Outreau, le récit halluciné de Jean Teulé, Darling, ou encore l’histoire bien inspirée de Mathieu Menegaux, Un Fils parfait, nous l’ont rappelé de façon effrayante), Ariane Monnier ose la plus terrifiante part de nous-même, dans une écriture envoutante, étrangement surréelle, ce qui démontre une qualité d’écrivain rare. Bienvenue.
Ci-dessous, page 139 – ou comment Fourchette nique Cuiller.
*Le Presbytère, de Ariane Monnier. Éditions Lattès. En librairie le 23 août 2017.