Il y a fort longtemps, nous avions un téléviseur Pizon-Broz (loué chez Locatel car mon père était convaincu que la télévision était quelque chose qui n’avait pas d’avenir) sur lequel le dimanche nous nous régalions des deux grands films de l’après-midi. Un western d’abord (ah, qu’aurait pris aujourd’hui dans la gueule John Wayne pour avoir giflé la Prisonnière du désert !) suivi d’un film de cape et d’épée qui mettait toujours en scène un homme. Souvenons-nous de Fanfan par exemple, de Cartouche, Mandrin, Capitan, Le bossu, de Scaramouche. Il faudra attendre 1956 et Anne Golon pour qu’une femme qui n’ait rien à envier aux hommes (sauf la cicatrice de Joffrey) soit enfin mise à l’honneur : Angélique. Puis Mireille Calmel, en 2002, pour que triomphe Aliénor. Depuis Mireille écrit les femmes dans les tumultes de la grande et de la petite Histoire, célèbre leur force, leur courage, leur intégrité, leur liberté et leurs passions, comme dans ce nouvel opus* qui voit s’affronter Griffonelle, petite voleuse de 16 ans dans le Paris de 1226, quelques jours avant le couronnement de Saint Louis, et la Louve du titre, dont on ne sait que peu de chose dans ce premier tome (vivement le second), sinon qu’elle m’évoque à bien des égards une certaine Comtesse de Cagliostro (de Maurice Leblanc), vénéneuse à souhait et si fatale. Bref une fois encore Mirelle s’amuse et nous enchante avec une histoire digne d’un film d’André Hunebelle ou de Christian-Jacque. Espérons cette fois que ce soit une femme qui le réalise.
*La Louve cathare, de Mireille Calme. Éditions XO. En librairie depuis le 15 octobre 2020.