J’ai rencontré Sophie Henrionnet en novembre dernier dans le cadre « d’Écrivains en Grésivaudan », une suite de joyeuses rencontres dans quelques médiathèques montagneuses, à l’entour de Grenoble.
Sophie possède l’un des plus jolis rires brefs qu’il m’ait été donné d’entendre, un équilibre exquis entre la joie et la gêne. Plus tard, nous avons eu, comme deux sales gamins un jour d’enterrement, un irréfrénable fou rire lors du discours officiel de l’adjoint au maire. Il ne m’en fallait pas plus pour me précipiter sur l’un de ses livres. Vous prendrez bien un dessert*, roman cruel, fils des célèbres « Nouveaux Monstres » italiens, met en scène une famille qui se réunit à la fois pour les Fêtes de Noël et l’anniversaire de l’ancêtre. En autant de courts chapitres qu’il y a de membres dans cette famille, Sophie utilise sa plume acérée comme une fraise terrifiante (elle a été chirurgien-dentiste) et s’en donne à cœur joie pour dépecer les apparences, les bien-pensances et nous donner à voir les entrailles de tout ce beau monde pas si beau que cela vu de l’intérieur, le tout avec une jubilation totalement assumée, tel qu’on la retrouve justement dans son merveilleux petit rire bref, à la croisée de la gêne (« regardez les horreurs que je vous donne à voir ») et de la joie (« regardez les horreurs que je vous donne à voir »). Sophie, vous verrez, écrit aussi des romans dits « chick lit » fort bien faits, mais pour ma part je ne peux que l’encourager à poursuivre cette veine jubilatoire et à vous, de vous y plonger sans bouée.
*Vous prendrez bien un dessert, deuxième roman de Sophie Henrionnet. Éditions Daphnis et Chloé. En librairie depuis le 9 juillet 2015.