Voici Marie Sizun, une femme née en 1940, qui a donc passé les premières années de sa vie dans le boucan de la violence des hommes, qui a vu Armstrong poser son pied sur la lune, vu les feux, les plages et les pavés de 68, entendu la parole du corps des femmes, le génocide des Tutsis, la chute du Mur de Berlin, l’horreur du sida, la mort de Marilyn et celle de Romy Schneider, le 11 septembre à New York et le 13 novembre à Paris et qui, lorsqu’elle se met à écrire des souvenirs se souvient juste, se souvient simplement du 10 villa Gagliardini, le petit appartement de son enfance, des meubles dont les tiroirs enferment les souvenirs, de la joie malgré la fuite d’un père, des rires, des rires surtout, malgré la pauvreté et les bousculades du monde du dehors.
C’est ce retour au ventre premier qui est le voyage empoignant de ce récit, un retour sur la pointe des pieds pour retourner à l’origine et, puisque le temps a pris son temps, a passé, s’y fondre et retrouver la paix.
*10, villa Gagliardini, de Marie Sizun, aux éditions Arléa, coll 1er mille. En librairie depuis le 4 janvier 2024.