Il y a du Maurice et Leblanc chez Calderon et De Moras.
Il y a cet art de mêler roman noir et romantisme (on se souviendra de l’inoubliable Comtesse de Cagliostro dudit Leblanc), ce don de mélanger l’Histoire et l’histoire, l’ésotérisme et l’évidence, l’alchimie et le bon sens. Bref ; ces deux là, amis depuis l’enfance, l’un mathématicien l’autre scénariste, nous offrent, trois ans après l’épatant La prétendue innocence des fleurs, une histoire* dans laquelle, comme disait Françoise Sagan, on ne sait jamais ce que le passé nous réserve.
Le passé, ce sont ces morts qui reviennent. Ces corps morts en fait, charriés par une terrifiante inondation (inspirée de celle de Nîmes en septembre 2002 et qui emporta, entre autres, le cercueil du père de l’un des deux auteurs) et font s’interroger les vivants, douter de leur version de la vie.
Le présent, selon Calderon et De Moras, est une réplique du passé, comme il y a des répliques aux tsunamis ou aux histoires d’amour. À propos de l’amour, ils ont, je ne sais plus à quelle page, cette phrase fabuleuse : « L’amour est la solution aux problèmes qu’il pose ».
En ce sens, l’amour est aussi toujours l’assassin.
Car c’est de cela dont il s’agit.
Là où rien ne meurt est un formidable romantique noir, comme le père de Lupin savait les écrire, comme on aime à les retrouver aujourd’hui – histoire de se changer des serial killers américains ou autres nazillons venus du froid.
*Là où rien ne meurt, de Calderon et De Moras. Éditons Robert Laffont, collection La Bête Noire. En librairie depuis le 15 mars 2018. PS. Mention spéciale au personnage de Salinque, flic ventripotent à l’épatant phrasé audiardien et à la personnalité adambergienne.