L’auteur et réalisateur du Thé au harem d’Archi Ahmed devenu Thé au harem d’Archimède au cinéma, aime la boisson. Ainsi trouve-t-on de la Valstar rouge dans son denier roman – chez moi, on buvait de la verte –, du vin « sous le manteau », du café, du thé et du Ricard, ces sangs de toutes les couleurs qui irriguent les veines et le cœur des hommes perdus, échoués ici, dans un bidonville de Nanterre, la cité des Marguerites, dans la boue, la promiscuité et les rêves envolés, restés là-bas, au pays où le soleil était un pull, une caresse, une promesse. Rue des Pâquerettes* est un livre de souvenirs, un voyage entre l’Algérie et la région parisienne, en 1962, le Solex du père, les coquetteries de la mère, racontés par Mehdi Charef l’enfant devenu grand, avec les mots qu’il découvre, qu’il note dans un coin de sa tête, et cherche à comprendre car tout enfant qu’il est alors, il sait que c’est là, dans les mots, le lieu de la survie : « La voix est la plus digne des armes, la plus sûre pour se défendre. Prendre la parole, c’est être identifié, être, exister, ok les gars ? » (page 147). Alors recueillons ses mots comme une arme. Mais de paix, cette fois.
*Rue des Pâquerettes, de Mehdi Charef. Éditions Hors d’atteinte. En librairie depuis le 17 janvier 2019.