J’ai rencontré Carine Marret à Lire à Limoges, il y a peu de temps. Lors du dîner du vendredi soir. C’est toujours étonnant de se retrouver attablé avec des auteurs qu’on ne connaît pas*. On se sent souvent un peu impressionné – enfin, moi, en tout cas. Bref, une fois les présentations faites, Carine m’apprit qu’outre avoir écrit un livre sur Romain Gary, elle venait y présenter son dernier livre au titre très beau**, le cinquième opus de Tempus Fugit (du nom des deux charmantes rattes du commissaire dont elle écrit les enquêtes depuis 2011). Je m’intéressai à son travail et très gentiment, elle me proposa de m’adresser son livre. Je le reçus quelques jours plus tard et le lus pratiquement d’une traite. Quelle joie. Enfin un polar, qui est, comme le rappelle le CNRTL, un texte « relatif à la police ; qui est le fait de la police ou de certains membres de la police », comme les écrivait si bien Simenon – lequel hante avec bonheur le livre de Carine. Mais revenons au texte. Quelle joie, écrivai-je ; enfin un polar sans triangulation, sans GIGN, sans RAID, sans Kalachnikov, sans hystérie, sans rebondissements improbables, juste une enquête humaine sur des hommes faibles, gangrénés par le pouvoir, l’ambition ; sur l’immense petitesse des hommes, sur fond de tragédies actuelles (attentats, Syrie, politique balbutiante de nos chers dirigeants) racontée avec expertise, sans cynisme, comme le faisait si bien Giroud dans Le bon plaisir. Carine nous offre un vrai divertissement qui lorgne davantage vers l’humanité d’un Simenon que la folie d’un Grangé, une enquête ouatée, servie, et c’est là où j’ai été le plus séduit, par une écriture très belle, ciselée comme une dague vénitienne. Voire un pistolet de jarretière. Vivement l’opus 6.
* Ceci dit, en plus de Carine, il y avait le facétieux Pierre Vavasseur, l’élégant Édouard Moradpour, la joyeuse Jézabel Akriche, le pince sans-rire Arnaud Friedmann, le très érudit et très drôle Laurent Demoulin et moi.
*Des silences et des hommes, de Carine Marret. Éditions du Cerf. En librairie depuis février 2017. (Photo ci-dessus, Yann Cramer).