En Amérique pour de nombreuses semaines, et, pour la première fois, un Kindle dans une valise plutôt qu’une valise pleine de livres. Un Kindle deuxième génération (on en est à la quatrième), écran mat, sans rétro-éclairage, bouton sur lequel il faut appuyer fortement pour changer de page. Le poids, le papier, l’odeur, la blancheur des pages, l’objet même du livre me manquent, bien sûr, mais les mots sont là, c’est l’essentiel, et avec eux, les émotions, les frissons, les colères, les rires ; un vrai livre, quoi, malgré tout.
J’ai commencé avec un premier roman* américain, Sur ma peau, de Gillian Flynn (célèbre désormais grâce à la remarquable adaptation au cinéma de son Gone Girl, par David Fincher, avec Rosamund Pike et Ben Affleck). Une authentique histoire américaine. Un village où il ne se passe rien. Où l’ennui défigure les futurs, l’alcool les visages, et où la méchanceté devient une occupation. Une journaliste y enquête sur deux crimes, deux petites filles étranglées, auxquelles on a arraché toutes les dents. Elle a vécu là. Les souvenirs remontent, la bile aussi.
Au-delà de l’histoire elle-même, palpitante, Gillian Flynn dévoile déjà tout son immense talent à portraiturer les femmes ; descendre en elles comme dans des abysses – ces abîmes qui ne sont autres que ceux de nos frayeurs primitives, cette peur considérable de n’être pas aimé.
*Sur ma peau, Gillian Flynn, éditions Le Livre de Poche et… Kindle.