Benoit Cohen, cinéaste français, vit à Brooklyn depuis dix ans. Il y a sept ans, il eut l’idée d’écrire un film qui mettrait en scène une chauffeuse (sic) de taxi et, à la manière des acteurs qui se plongent tout entier dans leur personnage (de Niro dans Jack LaMotta ou Christian Bale dans Trevo Reznik), le voilà qui devint chauffeur de taxi pendant six mois.
C’est cette étonnante expérience, dont la drôle de galère pour obtenir la licence, qu’il nous invite à suivre à l’arrière de son Yellow Cab* ; une errance dans les boroughs de New York au gré des clients dont il nous livre une savoureuse galerie de portraits et de lieux tout aussi savoureux puisqu’ils sont ses restaurants favoris. Et lorsqu’il roule à vide, c’est le scénario de son film qui se dessine dans sa tête.
Le film ne se fera pas (ou en tout cas ne s’est pas encore fait) mais l’expérience a donné naissance à un écrivain épatant qui nous a depuis offert deux autres très beaux récits — l’un sur un migrant afghan recueilli par sa mère et l’autre sur son père. Ainsi qu’un roman inspiré de l’un de ses courts métrages.
Un taxi à réserver d’urgence.
*Yellow Cab, de Benoit Cohen. Flammarion (2017) et J’ai Lu (2021).