De l’angoissant Jeune fille cherche appartement (de Barbet Schroeder, 1992) au réjouissant La Gueule de l’autre (de Pierre Tchernia, 1979), en passant par les très beaux livres de Douglas Kennedy, L’Homme qui voulait vivre sa vie et La Fuite de Monsieur Monde de Georges Simenon, prendre la place de quelqu’un d’autre a toujours été un sujet inspirant. Cette fois, c’est Jean-Marc Pitte qui s’y colle avec son écriture précise, rapide, dégraissée, sans complaisance – il n’est pas grand reporter pour rien ; et nous raconte avec virtuosité les fantômes de Camille, son enfance ballotée de foyers en foyers, ses rebellions, son entrée dans le monde des adultes en passant par Haïti (au service d’une ONG) où elle découvrira la violence primitive des hommes ; la naissance de la barbarie. Jusqu’au jour où, de retour en France, elle croisera la route d’Aline… C’est le deuxième* roman policier de Jean-Marc. Comme tous les bons polars, il se lit d’une traite ; et même si, à la fin, il doit recourir à un double salto (à cause de l’impasse même du thème de l’usurpation -mais habile dans ce cas), il nous apprend que Jean-Marc est un formidable auteur à lire tout de suite. Et à suivre longtemps.
Usurpation. Editions du Préau. Sorti depuis le 19 mai 2014. Idéal en train, en avion, au soleil et sous la pluie un jour de fête nationale à Montréal. *Déjà paru : Gueule d’Ange, aux éditions J’ai Lu.