Tout est bon dans le Fournier.

En fait, il y a quatre excellents morceaux chez Jean-Louis.
Le Jean-Louis de La Grammaire impertinente, celui de Où on va papa ?, de La Noiraude, et enfin celui de Bonheurs à Gogos*.
Le premier date de la grande époque Desproges, des merveilleuses conneries qu’ils ont faites ensemble et « La Grammaire » est née de l’idée qu’il était, je cite, débile d’apprendre aux enfants la grammaire, et notamment la conjugaison de verbes en er avec aimer alors les morveux ne savent même pas ce que cela veut dire, aimer. D’où l’idée d’une grammaire qui conjuguerait péter, dans le premier groupe, et donnerait, de fait, de truculents exemples. Il est en effet bien plus amusant d’entendre sa grand-mère péter que de l’aimer.
Le second est plus grave et se nourrit de son histoire personnelle. Son père d’abord, médecin mort d’alcoolisme à 42 ans ; ses deux enfants, très lourdement handicapés, (aujourd’hui décédés) ; son adorable épouse, Sylvie, tombée brutalement et sans explication dans un tapis de feuilles d’automne, en forêt ; sa mère, sainte parmi les saintes ; à chaque fois des livres bouleversants et drôles car, comme il aime à répéter ce mot de Voltaire : « Il est poli d’être gai. »
Le troisième est poète (et paysan). Respect.
Le dernier est plus ronchon. C’est celui qui se moque de nos défauts, de nos tares et autres TOC, mais il le fait avec tellement de plaisir et d’aimable méchanceté qu’on se met à rire de nous avec lui. C’était le cas avec Mouchons nos morveux (en 2002), avec Trop (en 2014). Il récidive avec Bonheur à Gogos, en égratignant les gogos qui nous le promettent et les gogos qui y croient. Et, croyez-moi, ils sont nombreux.
Audiard n’a-t-il pas dit : « Si les cons volaient, il ferait nuit » ?

*Bonheur à Gogos, de Jean-Louis Fournier. Éditions Payot. En librairie depuis le 5 octobre 2016.

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