Il y a toujours une aimable tendresse dans le fait de s’emparer, découvrir un premier roman, chercher à en deviner le nouveau romancier derrière les mots et espérer qu’on l’aimera.
Chaque premier livre est une immense promesse.
Celui de Rémi Baille raconte un été, un premier amour, une sauvageonne qui, sans atteindre la grâce d’une Manon des Sources en partage la soif de liberté, une crique aride, des hommes et des pêcheurs, un incendie, le feu qui dilacère quelques rêves. Si Les enfants de la crique, par la discrétion de son propos tient davantage de la nouvelle, il possède néanmoins des beautés assemblées autour d’une langue qui tend le cou, cherche à sortir les mots hors de l’eau, comme un noyé sa main, pour dire et montrer sa furieuse envie d’être un écrivain ; et c’est au fond le plus touchant dans ce livre : parvenir à survivre au feu du désir d’écrire pour laisser sur la plage d’une page les cendres de son passage.
C’est la promesse (réussie) d’un premier livre.
*Les enfants de la crique, de Rémi baille. Aux éditions Le bruit du monde. En librairie depuis le 4 avril 2024.