Premier roman. Voici un livre étonnant. Étonnant parce que, quatre fois, cinq fois, au début, j’ai eu envie de le refermer, laisser les pages s’envoler comme les feuilles mortes d’un chêne à l’automne. Et puis, tel un marcheur en forêt qui s’impatiente de ne rien voir d’autre que toujours la même chose, j’ai continué un peu, espérant un arbre différent, une lueur, une souche comme une lave. Je me suis enfoncé dans cette forêt de Mayenne que décrit si bien Jérôme Chantreau dans son roman*, et un doux ensorcellement a fini par m’atteindre, et c’est vers la fin du livre, comme une aube après une nuit curieuse, que j’ai été tout à fait envoûté par la métamorphose du personnage d’Albert, ce quadra qui retourne dans la maison familiale perdue au milieu de cette étonnante forêt, pour y organiser les funérailles de sa mère.
D’un retour aux sources, Chantreau nous offre un surprenant retour au primitif, à notre nature première, et, une fois passé les quatre mille premières pages, je me suis mis à penser au merveilleux Into the Wild – Voyage au bout de la solitude** – de John Krakauer, et à me dire que cela valait bien de patienter ; je me suis rappelé que certains romans ont besoin d’une longue mise en train pour parvenir à destination.
Et lorsqu’on on y est, comme c’est le cas ici, alors, on savoure vraiment tout le chemin parcouru.
*Avant que naisse la forêt, de Jérôme Chantreau. Éditions Les Escales. En librairie depuis le 25 août 2016.
**Into the Wild, de John Krakauer. Éditions Presse de la Cité. En librairie depuis le 3 octobre 2008. Et en DVD mis en scène par un Sean Penn vraiment inspiré.