Rentrée littéraire 2015. Après trois romans* où la mort était assez présente, « celle d’un nourrisson de six jours, d’une sœur morte trop tôt ou d’un vieillard disparu trop tard » (page 282), Isabelle Monnin s’attaque avec bonheur à la vie**. Celles de ces gens dont elle achète un jour sur Internet les photos à un brocanteur du Nord : 250 tirages papier ou Polaroid ; des photos comme on en trouve dans tous les albums des petites gens, de ceux « dont on ne parle jamais » et dont la vie est vécue par tant de gens ; un lot qui viendrait, selon le vendeur, du Doubs ou de Franche-Comté.
Les visages, les images, les instantanés captés, ce qu’ils disent, ce qu’ils cachent, s’insinuent, poussent, et deviennent, malgré elle, son histoire, « (…) toute vie vaut la peine d’être racontée. Chaque vie est un témoignage de toutes les autres » (toujours page 282**). Devant ce matériau réel (les photos), Isabelle décide d’écrire le roman des images. Puis de mener l’enquête, de retrouver les gens dans l’enveloppe, de confronter sa fiction à leur réalité ; puis, comme dans les joyeuses retrouvailles, de finir en chansons. Et c’est là qu’Alex Beaupain intervient, qui, à son tour, raconte les rencontres (réelles et fictives) en 12 superbes chansons où il fait chanter des chanteurs (fiction) et quelques personnes de l’enveloppe (réel). Il semble d’ailleurs que le rapport réel/fiction soit au coeur de la rentrée littéraire de Lattès. Bref. Isabelle Monnin nous fait trois très délicats cadeaux avec ce livre : un roman très poétique, une enquête très humaine et un très bon CD (avec une bouleversante reprise des Mots Bleus).
*Les Vies extraordinaires d’Eugène, Second Tour ou les bons sentiments et Daffodil Silver, tous parus chez JC Lattès.
** Les gens dans l’enveloppe, avec Alex Beaupain. Editions JC Lattès. Sortie prévue le 2 septembre 2015.
***Non, je n’ai pas lu que cette page là.