Un été dans la Poche (5/5). On pourra ne pas du tout être d’accord avec l’attitude de la grand-mère du livre* (dont je ne peux rien dire sous peine de spoiler l’intrigue), mais on s’accordera tous à dire que Constance Rivière a écrit là un très délicat second roman – même si, comme cela semble être de plus en plus « à la mode » et au vu de sa note très personnelle en fin de livre, on peut soupçonner que le réel bouscule ici la fiction.
Voici donc La maison des solitudes, une histoire de maison et de trois femmes puissantes, grand-mère, mère et fille, unies et désunies par un même drame qui trouve son épilogue tragique alors que meurt la grand-mère à l’hôpital dans ce qui semble être la première vague de la Grande Pandémie, soit au printemps 2020. La narratrice, sa petite-fille, l’y rejoint et, après mille difficultés pour parvenir à son chevet (souvenez-vous qu’il était alors interdit de voir nos morts, de les enterrer), arrive à lui parler enfin ; une discussion à sens unique, forcément bouleversante.
Outre l’histoire mélancolique et cruelle, c’est l’écriture de Constance qui s’impose. Elle est belle, inventive, légère et grave, finit par s’insinuer en nous, comme une musique — le piano d’Anouar Brahem, par exemple. Et c’est là toute la force d’un livre ; continuer à nous habiter.
*La maison des solitudes, de Constance Rivière. Au Livre de Poche depuis le 1er mars 2023.