Voici un premier polar* si bien fait qu’on le croirait d’ailleurs traduit de l’américain, et s’il n’est pas encore, scénaristiquement parlant, au niveau d’un Block ou d’un Connelly, parions que Alain Decker, d’ici deux ou trois livres comptera parmi les grandes plumes polardeuses françaises.
Jours de ténèbres se lit d’une traite par la grâce de son écriture fluide, son rythme et ses ténèbres, et même si je pense que le tout aurait gagné à être resserré (mais que voulez-vous, quand on écrit un premier livre on est toujours un peu bavard), on tient là ce genre de livre haletant qui nous pousse toujours plus vite à en connaître la fin.
Le problème, comme souvent chez Harlan Coben d’ailleurs, c’est que ces histoires qui commencent sur les chapeaux de roues peinent à délivrer un final à la hauteur de leurs promesses car, franchement, les raisons qui poussent un assassin (à part ceux du génialissime Thomas Harris) à énucléer, dévorer un cœur ou coudre une bouche ne sont jamais vraiment une surprise.
Mais ce n’est pas là l’important dans un polar. C’est le chemin qui nous a fait panteler, tourner les pages en tremblant, donner envie d’être à la fin déjà et surtout ne pas y être encore, et de ce côté-là, Decker a plus que tenu la corde.
*Jours de ténèbres, de Alain Decker, aux éditions Robert Laffont, coll La bête noire. Grand Prix des Enquêteurs 2023. En librairie depuis le 14 septembre 2023.