Je suis bien embêté.
Après La Tresse, dont j’avais grandement aimé la fluidité de l’écriture et la malignité du scénario, voici que je viens de terminer la lecture du Cerf-volant, le nouveau roman de Laetitia Colombani.
Je suis bien embêté parce que je ne sais pas cette fois si son histoire indienne est juste formidablement bienveillante ou, au contraire, un poil guimauve.
Léna et François s’aiment. Ils sont tous deux profs — assez idéalistes dans leurs cas. François meurt sous la balle de fusil de chasse d’un élève mécontent. Léna craque. S’enfuit en Inde pour se reconstruire. Là, elle manque de se noyer (de chagrin). Une petite fille qui joue au cerf-volant la sauve. Alors elle veut à son tour sauver la petite fille de sa condition d’indienne pauvre qui ne sait ni lire ni écrire et est promise à un précoce mariage. Elle fonde une école et selon le proverbe africain qui dit (de mémoire) « qui éduque une fille éduque une nation », la voilà qui tente de changer les règles millénaires de ce sous-continent dont l’auteur ne nous fait pas vraiment grâces des clichés (re-regardons une fois pour toutes Slumdog Millionaire et n’en parlons plus). Elle offre des tampons aux filles. Des sacs de riz aux familles. Léna, c’est une sorte de Mère Teresa dans le village de Mahäbalipuram. La sainte occidentale blanche au pays des moribonds. Avec un final très Série B : armée d’une armée de filles, les Red Brigades, Léna vient arracher à son mariage la petite fille au cerf-volant, bagarres à la Bruce Lee et Kill Bill (sans le katana), pour lui permettre de retourner à l’école et espérer une vie de femme indienne libre. Fin.
(Ceci dit, c’est bientôt Noël et à entendre les paroles des chansons de Noël dans les rues de New York, voir les sapins, les boules dorées, les films à la guimauve sur Netflix, je me fais soudain la réflexion que cette histoire sucrée est un merveilleux conte de saison, donc, ne boudons pas notre plaisir).
*La Tresse (Grasset, 2017) et Le cerf-volant (Grasset, 2021).