À 17 ans, Constance, une jeune parisienne, tombe profondément amoureuse de Yaoundé et d’un Camerounais de dix ans son aîné. Elle ne le verra qu’un ou deux mois par an pendant cinq ans, puis il disparaîtra — comme la vapeur qui s’évanouit d’une bouche, le sel que l’eau dissout.
Plus tard, elle deviendra écrivaine, écrira un jour sur cette disparition au travers d’une autre, celle d’une femme cette fois, disparue le 24 mai 1991 dans les boues du régime de Paul Biya ; dans le déferlement de coups pourpres, le tumulte des sangs.
C’est alors qu’elle retourne au Cameroun pour présenter son livre et en découvrir la fin.
Une femme a disparu* est un roman étrange ; étrange au sens de cette étrange beauté de l’Afrique où ce qu’on en voit n’est pas ce qui se montre, où la peau peut avoir à la fois la fragilité d’un givre et la rugosité d’une écorce, où une disparition peut recéler la présence d’un fantôme, d’une âme ou d’un chant. Ce livre est une lettre précieuse au disparu, une bouteille lancée à la mer houleuse de l’absence.
Outre l’élégante écriture toute en dentelles d’Anne-Sophie, la plus grande délicatesse de son texte, c’est, in fine, les retrouvailles de Constance avec sa part disparue, sa part de lumière que les cendres dansantes de ses fantômes étouffaient, inexorablement.
*Une femme a disparu, de Anne-Sophie Stefanini, aux éditions Stock, coll La Bleue. En librairie depuis le 21 août 2024.