Voici un livre doux comme une infusion de camomille avec une couche de miel au fond de la tasse, un texte léger comme un parfum de lavande dans le coin d’un tiroir, un pot-pourri aimable – un de ces livres vraiment gentils comme on n’en écrit plus.
Karine Lambert, dont j’avais bien aimé le premier roman, L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes*, une histoire constantinienne, nous raconte ici la rencontre entre Marguerite Delorme, dite Maguy, de Maisons-Laffitte, soixante-dix-huit ans, veuve d’Henri, notaire, et Marcel Guedj, venu du Bled en 54, veuf de Nora, noyée suite à une crise cardiaque, âge non précisé, mais plus jeune que Maguy – « Une cougar à Maisons-Laffitte ! » (page 243).
Une rencontre délicieuse, concoctée comme un macaron à la rose de chez Ladurée (ou un Céleste de chez Hermé, comme vous voulez) ; un petit conte charmant qui laisse rêver d’autres fins possibles à nos parents et grands-parents que l’Ehpad promis depuis dix ans par votre député, ou la maison de retraite du coin (à ce propos je vous invite à revoir le fabuleux et formidablement irrévérencieux sketch d’Ettore Scola, Comme une reine).
Eh bien dansons maintenant !** démontre, s’il en était encore besoin, que le cœur n’a pas de rides, le désir pas d’âge, et que des corps qui sont encore touchés, encore aimés, vivent plus longtemps et beaucoup plus heureux.
Alors, à l’heure où l’espérance de vie est (soi-disant) plus longue d’un trimestre par an, il est réjouissant de penser, comme Karine Lambert, qu’après une très très longue histoire d’amour, il peut y en avoir encore une autre – et peut-être même encore plus belle, mais chut !.
*L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, Karine Lambert. Éditions Le livre de Poche.
** Eh bien dansons maintenant !, Éditions Jean-Claude Lattès. En librairie depuis le 4 mai 2016.