Lire au temps du virus. D’un côté un virus invisible qui change le monde. De l’autre, mille tableaux visibles qui changent le monde. Que voulez-vous regarder ?
Dans sa critique, le magazine L’Express parlait en septembre 2019 de Louvre* comme d’une exofiction. Je sais que le préfixe exo signifie en dehors, et fiction, une création de l’imagination, ainsi une exofiction serait quelque chose en dehors de l’imagination. Eh bien non. Toujours selon le même magazine, l’exofiction consisterait à s’inspirer de faits et de personnages réels. C’est alors ce qu’on appelle la réinvention du fil à couper le beurre, car enfin, avant ce barbarisme, on parlait simplement de biographie romancée. Mais il faut croire que la biographie romancée est devenue si peu fréquentable qu’il lui faille un nouveau nom. Comme on ne dit plus classe, mais espace d’apprentissage pédagogique. Comme on ne dit plus pupitre mais soutien d’apprentissage individuel. Comme on ne dit plus piscine mais milieu aquatique profond standardisé. Bref. On dira ce qu’on voudra, tout ce que j’ai à dire c’est que ce premier roman de Josselin Guillois est brillant, qui met en scène au travers d’un triptyque de trois narratrices l’évacuation des œuvres du Louvre en 1939 alors que l’Allemagne entre en France comme dans du beurre (pour reprendre ma comparaison ci-dessus), et dont le point commun entre ces trois femmes est un certain Jacques Jaujard, directeur du musée. Voici un livre d’images. Mais ce qu’il y a de plus beau, ce sont les mots.
*Louvre, de Josselin Guillois. Éditons du Seuil. En librairie depuis le 18 septembre 2019.