Parfois, on referme un livre et on se dit qu’on n’a rien à dire. C’est parfait. Écriture nickel. Sujet passionnant. Traitement brillant. Rythme soutenu (presque un page turner). On se dit Chapeau. On se dit qu’on aurait aimé faire un tel travail et si on est soi-même écrivain, eh bien, ça donne du cœur à l’ouvrage.
Ce livre, c’est La fille de Deauville*, de Vanessa Schneider, dont on sent que les années de grand reporter au Monde ont influencé l’écriture romanesque, un peu à la manière des grands feuilletonistes du 19ème — Souvestre, Hugo, Balzac, pour dire le niveau.
Schneider nous raconte la dérive de Joëlle Aubron, membre d’Action Directe, auprès de Rouillan et Ménigan, dissèque la colère, l’envie d’un monde socialement plus juste, jusqu’à la destruction, les délires politiques, les meurtres. C’est elle qui butera Besse, le patron de Renault. Voilà pour le côté reportage. Pour le côté romanesque, elle nous invente un personnage de flic, Luigi Pareno. On est avec lui le soir de la capture des terroristes, au terme d’une longue traque. On découvre sa fascination pour cette Fille de Deauville, sa rousseur, son charme. Un flic comme on n’en voyait plus depuis longtemps, un tordu, un torturé, un malheureux, et qui nous manquait. À l’arrivée, ce mélange de vrai et de fiction fabrique une magnifique bombe littéraire.
*La fille de Deauville, de Vanessa Schneider. Publié aux Éditions Grasset. En librairie depuis le 9 mars 2022.