Il est difficile le livre de deuil. D’abord parce qu’on connaît la fin. Et que ce qui nous nourrit depuis que nous sommes humains, à savoir l’espoir, n’est ici d’aucun secours. Voici le deuil d’Agathe. Vingt-trois ans. Mucoviscidose. Des années de chambre d’hôpital. De médicaments qui font vomir. Qui épuisent et diminuent. De greffes qui prennent à peine. Voici la parole d’un père qui observe sa fille partir. Et découvre, en la regardant, toutes nos impuissances. Alors il se souvient. Les étés à Oléron. Les plats de fruits de mer. Les rires. Et la toux. Cette putain de toux qui cisaillait son rire. Se remémore son installation dans un petit studio près du Montparnasse. L’amoureux. Les rêves d’une vie qui durerait un peu. Et la toux, toujours. Cette saloperie de toux, comme des clous dans la poitrine. Voici le livre qui ne devrait pas exister puisque les enfants ne devraient jamais partir avant nous. Didier Pourquery nous livre un récit sans fioriture. Sans pathos. Il aligne les derniers jours de sa fille comme on pose des cailloux le long d’un chemin qu’on voudrait retrouver toujours. Au passage, il se croque un peu. Parle de ses infarctus. Des ses tumultueuses liaisons amoureuses. De l’obsession de son travail de journaliste. Évoque entre les lignes la paix enfin trouvée avec Juliette. En partant, Agathe quitte un père apaisé. Au-delà de la tristesse. Un homme qui à son tour, choisit la vie. Et on se reprend à espérer.
*L’été d’Agathe, de Didier Pourquery. Éditions Grasset. En librairie depuis le 13 janvier 2016.