Il y a des livres comme ça, qui ne paient pas de mine, n’ont pas de prétention littéraire, sont écrits par des gens qui ne cherchent ni la gloire ni dix lignes dans Le Monde des Livres ou Le Figaro Littéraire, qui sont souvent publiés avec les économies de leurs auteurs, des livres qu’on ne trouve pas toujours en librairie et puis un jour on vous en offre un et, curieux ou reconnaissant, vous vous mettez à le lire et découvrez une vie. Celle d’une femme en l’occurrence que vous pourriez croiser sans la voir, dans le métro ou un grand aérogare, sur un chemin de campagne ou accrochée à un ULM. Une vie parmi tant d’autres, mais soudain exceptionnelle par les amours vécues, les expériences, les voyages, les sommets népalais que l’on cherche à atteindre et l’on se rend compte que c’est soi qu’on a dépassé, un père important, des amis précieux, des traîtres parfois, les enfants adoptés qui se révèlent méchants et cruels, la tendresse malgré tout, et puis la chute de l’homme qu’on aime, son corps broyé et puis la vie seule, pleurer seule, se redresser seule, un jour revoir la lumière dans les mots d’un autre homme, bref ; il y a des livres inconnus d’inconnus qui méritent parfois d’être ouverts.
*Chant de terre et de ciel, de Marie-Odile Ducrest, Éditions Persée, 2013.